Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Syrie

L’EI prend position au centre de Kobané

Pas d'accord entre Ankara et Washington sur l'utilisation de bases turques.

Malgré une contre-offensive des combattants kurdes, les jihadistes de l’EI avançaient hier dans la ville, prenant le centre de Kobané. Umit Bektas/Reuters

Les jihadistes du groupe État islamique (EI, ex-Daech) ont pris position pour la première fois dans le centre de Kobané hier, alors que de violents combats entre les combattants de l'EI et les forces kurdes avaient lieu dans les faubourgs nord de la ville, à moins d'un kilomètre de la frontière entre la Syrie et la Turquie.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les jihadistes ont pu s'emparer hier du centre culturel de Kobané et s'installer pour la première fois dans le centre de cette localité qu'ils convoitent depuis le lancement le 16 septembre de leur grande offensive sur cette région kurde de la Syrie. « Auparavant, ils venaient de l'est, avançaient puis reculaient mais cette fois ils se sont bien installés (au centre). Ils contrôlent désormais la moitié de la localité », a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.
Dans la troisième ville kurde de Syrie, la journée a par ailleurs été marquée par trois explosions à la voiture piégée déclenchées par des kamikazes de l'EI, selon l'OSDH, qui n'était pas en mesure de fournir un bilan des victimes. Deux de ces explosions ont eu lieu au nord de Kobané dans une zone où un journaliste de l'AFP présent à la frontière turque a pu constater que les jihadistes avaient lancé une offensive.

 

(Lire aussi : Les raids américains contre l'EI : des frappes pour la galerie ?)

 

« Objectif stratégique »
Ce secteur du poste-frontière de Mursitpinar est emprunté quotidiennement par des civils fuyant les combats et par des combattants kurdes évacués pour être soignés dans les hôpitaux de Suruç en Turquie. C'est devenu « un objectif stratégique » pour les jihadistes, a indiqué Feyza Abdi, élue au conseil municipal de Kobané et réfugiée en Turquie, selon qui l'EI cerne « déjà la ville de trois côtés différents ». « S'ils réussissent à prendre le contrôle de cette zone, ils fermeront tous les accès et pourront commencer leur massacre » à Kobané (Aïn al-Arab en arabe).
Si l'EI a pu installer une position au centre de la ville, une semaine après être entré à Kobané et trois jours après avoir délogé les combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) de leur QG, ces derniers ont mené une contre-offensive dans le sud de Kobané et repris deux positions des jihadistes, dont ils ont tué 13 membres, selon l'OSDH.
Ailleurs en Syrie, l'armée de l'air syrienne a intensifié ses raids aériens hier dans l'ouest, en lançant au moins 40, a rapporté l'OSDH. Les avions syriens ont notamment bombardé les positions des rebelles dans les provinces d'Idlib et de Hama, a déclaré M. Abdel Rahman.

 

(Lire aussi : Les raids américains contre l'EI : des frappes pour la galerie ?)

 

Réunion de la coalition à Washington
En attendant, près de trois mois après le déclenchement de la campagne aérienne contre l'EI en Irak et près de trois semaines après le début des raids visant les jihadistes en Syrie, les chefs militaires de 21 pays de la coalition vont faire le point aujourd'hui à Washington sur leur campagne. Elle rassemblera notamment des représentants de tous les partenaires européens de la coalition ainsi que des cinq pays arabes – Bahreïn, Jordanie, Qatar, Arabie saoudite et Émirats arabes unis – qui jouent un rôle actif dans les frappes aériennes en Syrie. À ce sujet d'ailleurs, le secrétaire d'État américain John Kerry a « remercié » hier soir à Paris son homologue français Laurent Fabius pour la contribution de la France au combat contre l'EI, selon un responsable du département d'État.

 

(Lire aussi : L'EI fier d'avoir réduit des femmes et des enfants yazidis en esclavage)


Dans ce contexte, des déclarations contradictoires de Washington et Ankara sur un accord concernant l'utilisation de bases aériennes turques par les avions américains pour effectuer des raids contre l'EI ont par ailleurs semé une certaine confusion. Alors qu'un responsable américain indiquait dimanche que les États-Unis pourraient utiliser la grande base d'Incirlik dans le sud, où 1 500 Américains sont stationnés, une source gouvernementale à Ankara a affirmé hier qu'un tel accord n'avait pas été signé. Actuellement, les avions américains employés pour les bombardements contre l'EI décollent des bases aériennes, plus éloignées, d'al-Dhafra aux Émirats arabes unis, d'Ali al-Salem au Koweït et d'al-Udeid au Qatar. Cette confusion illustre les relations difficiles entre la Turquie et les États-Unis, deux pays de l'Otan, sur le dossier syrien. Ankara refuse pour l'instant de se joindre à la coalition militaire internationale au motif que les frappes aériennes dirigées contre les jihadistes pourraient renforcer par ricochet le camp du président syrien Bachar el-Assad, la bête noire de ses dirigeants islamo-conservateurs.

 

Dossier

Quand les chrétiens de Syrie organisent leur protection

 

Les jihadistes du groupe État islamique (EI, ex-Daech) ont pris position pour la première fois dans le centre de Kobané hier, alors que de violents combats entre les combattants de l'EI et les forces kurdes avaient lieu dans les faubourgs nord de la ville, à moins d'un kilomètre de la frontière entre la Syrie et la Turquie.Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut